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Cinquième Symposium sur l'Océan dans un monde riche en CO2 : Les dernières recherches sur l'acidification de l'océan passées en revue à Lima, au Pérou

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De quel type d'informations scientifiques avons-nous besoin pour lutter au mieux contre l'acidification de l'océan ? Quels organismes et écosystèmes marins sont les plus touchés, quelles régions sont les plus sensibles aujourd'hui, et lesquelles le seront à l'avenir ? Quel est l'impact de l'acidification de l'océan sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, tels que l'aquaculture et la pêche, et comment la société peut-elle s'adapter ?


Le Cinquième Symposium sur l'Océan dans un monde riche en CO2, organisé par l'Universidad Nacional Pedro Ruíz Gallo à Lima, au Pérou, du 13 au 16 septembre, a réuni près de 300 chercheurs du monde entier pour échanger sur les dernières découvertes en matière de recherche sur l'acidification de l'océan.


Cette série de symposiums, organisés tous les quatre ans, est le plus grand rassemblement scientifique multidisciplinaire de chercheurs étudiant l'acidification de l'océan et ses conséquences, de la surveillance sur le terrain aux expériences de laboratoire étudiant les impacts sur la biologie et l'écologie, en passant par la modélisation de scénarios futurs et les impacts potentiels sur la société.


Soutenue par la Fondation Prince Albert II de Monaco, cette cinquième édition a rassemblé plus de 200 chercheurs présents en personne et 90 participants en ligne. Les discussions ont été organisées en six thèmes différents et sessions parallèles, avec plus de 170 présentations et 70 exposés.


Monaco a accueilli le deuxième symposium de cette série en 2008, qui a donné lieu à la publication de la déclaration de Monaco, signée par 155 scientifiques de 26 pays. À cette période, l'acidification de l'océan était mal connue. Depuis lors, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco s'est engagé dans la sensibilisation à l'acidification de l'océan, en attirant l'attention de Ses pairs leaders politiques sur cette question.

Pérennisant son engagement sur le sujet, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco a ouvert la cinquième édition du Symposium par un message vidéo, soulignant que si l'acidification de l'océan est un phénomène plus difficile à dépeindre que les phénomènes climatiques extrêmes, les records de température ou la disparition d'espèces, il s'agit désormais d'une réalité dont les conséquences économiques sont directement perceptibles et dont les effets pourraient être dévastateurs à long terme pour de nombreux secteurs, à commencer par l'élevage et la récolte de nombreux coquillages et crustacés.
 

"Nous savons que ces secteurs représentent des sources vitales de revenus pour des centaines de milliers de nos contemporains, et des sources de nourriture pour des millions d'entre eux. (...) C'est pourquoi la réunion d'aujourd'hui revêt une importance particulière, car elle est l'occasion de faire le point sur l'état de nos connaissances et d'identifier les solutions potentielles qui doivent être explorées en priorité. La Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable a créé un environnement favorable à cet effet, qu'il convient également de mettre à profit."

S.A.S. le Prince Albert II de Monaco


La conférence a abordé les aspects critiques de la communication des données et le type d'informations scientifiques nécessaires dans le contexte des objectifs de développement durable (ODD), où l'ODD14.3 porte spécifiquement sur l'acidification de l'océan, et de la Décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable, dont la COI-UNESCO est le fer de lance. La communauté de l'acidification de l'océan s'est réunie dans le cadre du programme de la Décennie OARS (Ocean Acidification Research for Sustainability), qui propose une structure pour la recherche sur l'acidification de l'océan et le renforcement des capacités afin de favoriser le changement au cours des dix prochaines années.


"Le programme OARS fournit un cadre de réflexion sur la science nécessaire pour favoriser le changement et obtenir l'océan que nous voulons".
Steeve Widdicombe, directeur scientifique du Plymouth Marine Laboratory et coprésident du Réseau mondial d'observation de l'acidification de l'océan (GOA-ON).


"Nous avons parcouru un long chemin dans la recherche sur l'acidification de l'océan, mais notre travail n'est pas terminé. Nous devons repenser la façon dont nous faisons et communiquons la science et donner la priorité à notre travail afin de favoriser l'action dans le cadre de la Décennie des Nations unies pour les sciences océaniques durables".
Sam Dupont, maître de conférences à l'université de Göteborg et président du groupe de travail SOLAS IMBER sur l'acidification de l'océan.


Un aspect essentiel dans ce contexte est d'impliquer pleinement les leaders de l'industrie et les décideurs politiques et de s'assurer que les décisions sont éclairées par les dernières découvertes scientifiques, mais aussi que la science répond aux besoins de l'industrie et des décideurs politiques. La Fondation a soutenu l'organisation d'un atelier spécifique à Lima dans le but de traduire les résultats de la recherche sur les impacts de l'acidification de l'océan sur les huîtres, les moules et les crevettes aux praticiens de l'aquaculture. Jessie Turner, directrice de l'Alliance pour la lutte contre l'acidification de l'océan, a discuté de ce que les décideurs politiques doivent savoir sur l'acidification de l'océan et de la manière de susciter un changement positif et une action politique lors d'une intervention plénière à la conférence.


Lina Hansson, coordinatrice des initiatives à la Fondation Prince Albert II de Monaco, a animé deux sessions à Lima, l'une portant sur le renforcement des capacités et les meilleures pratiques, l'autre sur la collaboration internationale.

"La collaboration et la coordination internationales et interdisciplinaires sont essentielles pour étudier ce sujet complexe de manière holistique. Il est essentiel de fournir une formation et un accès aux données et aux méthodes pour créer une communauté de recherche inclusive sur l'acidification de l'océan. Il est encourageant de voir des scientifiques de tant de nationalités différentes participer au symposium, et en particulier la forte contribution des chercheurs d'Amérique latine ici à Lima. La Fondation est ravie de soutenir cet important rassemblement, notamment en finançant la mise en place d'un système hybride pour la conférence, ce qui a permis de rendre les discussions accessibles à un public plus large".
 

La communauté des chercheurs qui étudient l'acidification de l'océan a considérablement augmenté ces dernières années, tout comme le nombre de publications sur le sujet. Alors que très peu d'articles scientifiques étaient publiés en 2004, la littérature sur l'acidification de l'océan compte aujourd'hui plus de 10 000 articles. Le Dr Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au CNRS et à l'université de la Sorbonne et coprésident du comité scientifique international de la cinquième édition du symposium, a vu évoluer la recherche sur l'acidification de l'océan et mûrir les domaines d'intérêt.


"Nous constatons que la recherche sur l'acidification de l'océan prend de plus en plus en compte de multiples facteurs de stress, ce qui se reflète dans plusieurs présentations du symposium. Cette évolution est cruciale, car l'acidification de l'océan, le réchauffement de l'océan et la perte d'oxygène se produisent tous en même temps. Nous devons mieux comprendre comment les organismes et les écosystèmes réagissent à ces facteurs de stress simultanés. Nous avons également vu le symposium amorcer la discussion sur les solutions basées sur l'océan - des mesures pour contrer l'acidification de l'océan et le changement climatique. Il sera de plus en plus important d'étudier quelles solutions sont réalisables, et si les mesures proposées ont des effets secondaires négatifs sur la vie marine."

La Fondation Prince Albert II de Monaco, le Centre de coordination international sur l'acidification de l'océan de l'AIEA, le Centre scientifique de Monaco et des partenaires internationaux collaborent dans le cadre de l'initiative OACIS " Ocean Acidification and other ocean Changes - Impacts and Solutions ", qui vise spécifiquement à faire progresser les connaissances sur ces questions.

Notes

Soutien à la conférence

La Fondation Prince Albert II de Monaco et OACIS ont été l'un des principaux sponsors du symposium, soutenant la version hybride et la diffusion en direct des plénières, le soutien de plusieurs chercheurs en début de carrière et de conférenciers pléniers pour assister à la manifestation, et la participation de représentants des industries de l'aquaculture et de la pêche. Parmi les autres sponsors importants de la conférence, citons le programme américain NOAA sur l'acidification de l'océan et le centre international de coordination de l'acidification de l'océan de l'AIEA, ainsi que l'université hôte, l'Universidad Nacional Pedro Ruíz Gallo.

Qu'est-ce que l'acidification de l'océan ?

Chaque jour, l'océan absorbe plus d'un quart du CO2 émis par les activités humaines, réduisant ainsi la quantité de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Sans cet apport des océans, le réchauffement climatique serait davantage marqué. Cependant, l'absorption du CO2 entraîne des changements dans la chimie même de l'eau de mer, augmentant son acidité.

Ce phénomène, connu sous le nom d'acidification de l'océan, a des répercussions sur de nombreux organismes et écosystèmes marins, notamment sur les organismes dotés d'une coquille ou d'un squelette en carbonate de calcium, comme les coraux et les mollusques. Survenant en même temps que le réchauffement de l'océan et la perte d'oxygène, deux autres changements mondiaux majeurs, les effets de l'acidification pourraient être multiples et difficiles à prévoir.

À propos de l'OACIS
Ocean Acidification and other ocean Changes - Impacts and Solutions (anciennement Association monégasque sur l'Acidification des Océans - AMAO) est une association monégasque créée en 2013 pour étudier l'impact du changement climatique sur l'océan, tel que l'acidification, ainsi que les solutions potentielles pour atténuer ses effets. Elle est coordonnée par la Fondation Prince Albert II de Monaco.

OACIS réunit plusieurs acteurs œuvrant sur cette problématique : la Fondation Prince Albert II de Monaco, le Gouvernement monégasque, le Centre international de coordination sur l'acidification des océans de l'AIEA, le Centre scientifique de Monaco et l'Institut océanographique, ainsi que des représentants du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l'UICN et de l'IDDRI.