Des cuiseurs écologiques pour lutter contre la désertification au Tchad
Italie
Au cœur du Tchad, les habitants de la province de Guéra sont confrontés à une alternance de sécheresses et d’inondations marquées. Déjà fragilisées par le changement climatique, les ressources naturelles subissent une pression supplémentaire générée par la coupe du bois de chauffe pour la cuisine traditionnelle. Les pressions climatiques comme humaines sur les écosystèmes mettent en péril les conditions de survie des populations, qui dépendent d’une agriculture de subsistance comme la culture du millet pour se nourrir mais aussi dégager des revenus.
La Fondation MAGIS s’implique au Tchad depuis plusieurs années aux côtés des institutions religieuses locales pour améliorer les conditions de vie des populations musulmanes et chrétiennes. Cet hiver, un nouveau projet a été lancé avec le soutien de la Fondation Prince Albert II de Monaco. Il s’agit de mettre au point un nouveau modèle de cuiseurs beaucoup plus économes en bois que le foyer traditionnel. Ce dernier consiste en un trou dans le sol, rempli de morceaux de bois et surmonté de trois pierres qui soutiennent le pot de cuisson. Son rendement énergétique très faible oblige les habitants à consommer une grande quantité de bois.
Les nouveaux éco-cuiseurs sont de petits poêles construits avec de la tôle et du gravier. Ils sont transportables, simples à construire et entretenir, et capables de maintenir la chaleur pendant longtemps. Ils consomment moitié moins de bois et contribuent ainsi à réduire l’avancée du désert. Deux techniciens d’un atelier de menuiserie local sont formés pour assurer la production locale des cuiseurs, leur vente et leur entretien. 434 cuiseurs vont être produits cette année.
La réussite du projet repose sur 250 femmes volontaires pour adopter ces cuiseurs dans leur usage quotidien. Les porteurs du projet ont donc pris en considération le souhait des femmes de cuisiner à l’intérieur, ce qui serait impossible avec un cuiseur à énergie solaire. Des réunions de démonstration ont lieu dans les 20 villages concernés, pour expliquer à l’ensemble des femmes le gain de confort lié à la réduction du temps dédié à la recherche de bois pour la cuisine. De plus, les femmes ne seront plus soumises à la fumée abondante produites par les foyers traditionnels.
Ce projet illustre comment la lutte contre de grands enjeux environnementaux comme la désertification passe par l’écoute et l’implication des populations locales, et notamment des femmes.