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Entretien avec Dr. Anya Waite

A green shift ?

 

 

Dr. Anya Waite, Vice-présidente associée à la recherche (Océan) de l'université de Dalhousie, et PDG et directeur scientifique de l'Ocean Frontier Institute

Nous avons pu observer que les meilleures réactions à la Covid-19 nécessitaient un mélange conscient d’initiatives individuelles et conjointes, qu'une seule personne pouvait déclencher une épidémie, mais que pour prévenir une épidémie, il fallait des centaines de milliers de personnes agissant ensemble. Nous avons vu à quel point nous avons besoin les uns des autres et à quel point nous avons besoin des actions des uns et des autres. 

Lorsque nous prenons du recul sur notre impact sur la planète, c'est cette même action commune qui nous permettra de sauver la biodiversité de notre Océan, de ralentir le réchauffement climatique, d’exploiter les meilleures données scientifiques pour informer et guider nos gouvernements.

La pandémie nous rappelle également que le changement climatique n'attendra pas. Afin de dévier la trajectoire de la planète, nous devons trouver la volonté de collaborer sur un puissant appel à l'action environnementale. C’est la santé des océans qui doit être au cœur de cet appel. L'Océan contient bien plus de chaleur, de carbone et de déchets que le reste du monde réuni. L'Océan stocke plus de cent fois le dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère.

L'Océan représente pour nous le défi ultime à l’échelle mondiale. Il nous fournit d'abondantes ressources qui demeurent dans l'obscurité, largement invisibles jusqu'à ce que nous les ayons en main. Les fonds marins sont pour nous aussi obscurs que Mars. Les courants océaniques déplacent de vastes étendues d'eau, sur des milliers de kilomètres et, les populations de poissons se déplacent sous la surface, en grande partie à l'insu de tous.

Afin de défendre la conservation des océans, nous devons rendre l’invisible visible. Pour ce faire, nous avons besoin d'observations, de technologies, de satellites, de dispositifs de suivi des animaux, de planeurs, de flotteurs à la dérive, le tout encombré de capteurs sous-marins qui nous disent des choses essentielles sur l'Océan et sur sa vie. Nous avons besoin que les scientifiques quittent la tour d'ivoire, qu'ils s'engagent auprès du public et des gouvernements, pour les aider à sauver l'Océan avec et pour l’humanité.