Entretien avec Jean-Yves Le Gall
A green shift ?
Jean-Yves Le Gall, Président du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) - Ariane Space
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Le 7 décembre 1972, la première photographie montrant la Terre en plein soleil prise par l'équipage d'Apollo 17 a grandement contribué à sensibiliser le monde à l'environnement.
Quatre ans plus tôt, Bill Anders à bord d'Apollo 8 avait déclaré : "Nous sommes venus explorer la Lune et la chose la plus importante que nous ayons découverte est la Terre".
Notre planète est aujourd'hui menacée par les activités humaines et nous sommes désormais conscients que pour préserver l'humanité, nous devons préserver l'écosystème dans lequel nous vivons, car nous en faisons partie. Nous, scientifiques, sommes les premiers témoins des catastrophes induites par le changement climatique dû aux activités humaines et sommes prêts à redoubler d'efforts afin de protéger l'humanité.
Depuis le milieu des années 60, les technologies et les instruments spatiaux surveillent notre planète, et nous avons constaté une augmentation de la température mondiale qui montre que la moyenne des cinq dernières années est supérieure de 1,1 degré Celsius à celle de l'ère préindustrielle.
De même, en tant que communauté spatiale, nous avons développé des instruments efficaces pour mesurer l'élévation du niveau de la mer, d'abord avec la mission TOPEX-Poseidon, puis avec les missions JASON.
L'observatoire du climat spatial, initiative internationale majeure fédérant les agences spatiales et les organisations des Nations unies, développe aujourd'hui des projets pour aider les pays à s'adapter au changement climatique.
Le satellite franco-israélien d'observation de la Terre " Venus ", lancé depuis le Centre spatial guyanais en 2017, surveille également l'évolution des écosystèmes représentatifs de la Terre, comme les cultures, les zones arides, les glaciers et les zones côtières. Ce faisant, il aide les régions vulnérables à s'adapter aux menaces spécifiques posées par le changement climatique.
La communauté spatiale, avec ses technologies et ses données significatives, ne peut qu'espérer informer les gens et les décideurs. Mais la responsabilité de l'action est entre les mains de chacun. Le moment est venu de prendre un virage durable.