Le Centre international de coordination sur l'acidification des océans de l'AIEA forme des scientifiques à l'évaluation de l'impact des changements océaniques sur les organismes marins
Communiqué de presse
En novembre dernier, la deuxième édition de l’École d'hiver sur l'acidification des océans et les facteurs de stress multiples, qui s'est tenue aux Laboratoires de l'environnement marin de l'AIEA à Monaco, a fourni aux scientifiques en début de carrière de nouveaux outils et de nouvelles connaissances pour relever les défis liés à la santé durable de l'océan. En dotant une nouvelle génération de chercheurs de ces compétences, l'école d'hiver ouvre la voie à une gestion et à une préservation plus efficaces des écosystèmes marins face aux défis mondiaux, avec un impact sur les communautés du monde entier qui dépendent des ressources marines.
À mesure que les activités humaines s'intensifient,
les écosystèmes côtiers et marins sont soumis à des pressions croissantes,
allant de la surpêche et de la pollution au changement climatique et à
l'acidification des océans. Les effets combinés de ces « facteurs de stress »
dépassent souvent de loin leurs impacts individuels, menaçant la biodiversité
et les moyens de subsistance dans le monde entier. Pourtant, la recherche sur
la manière dont ces facteurs se combinent pour affecter la vie marine est complexe
et reste limitée, de nombreuses études manquant souvent d'une conception solide
ou utilisant mal des concepts clés. Il est essentiel de comprendre comment ces
facteurs de stress interagissent pour prévoir leur impact sur les écosystèmes
marins et élaborer des stratégies visant à atténuer ces effets, en particulier
dans les régions fortement tributaires des ressources marines.
L'apprentissage par l'expérience pratique
L'école d'hiver a réuni 12 participants de 11 pays - Argentine, Bangladesh, Costa Rica, Croatie, Ghana, Italie, Namibie, Nigeria, Malaisie, Philippines et Portugal - pour deux semaines d'expériences pratiques en laboratoire et de conférences données par d'éminents experts sur les facteurs de stress océaniques multiples.
Les conférences ont porté sur les concepts clés de la recherche sur les facteurs de stress multiples, tels que la distinction entre un « facteur de stress » - une pression qui provoque un changement quantifiable (positif ou négatif) sur un organisme, un processus ou une communauté - et un « facteur de stress », qui provoque spécifiquement un impact négatif mesurable. Les conférences ont également abordé les définitions des types d'interactions possibles entre les facteurs de stress, notamment les interactions synergiques (lorsque l'effet combiné est supérieur à la somme des impacts individuels), les interactions antagonistes (lorsque l'effet combiné est inférieur à la somme) et les interactions additives (lorsque la présence d'un facteur de stress n'influence pas l'effet de l'autre). Il est essentiel de comprendre ces interactions pour prédire avec précision leurs effets globaux sur les écosystèmes marins.
Les participants ont également mené des expériences en
laboratoire en utilisant le radiotraceur calcium-45 pour étudier les effets de
l'acidification des océans, de la température et de la pollution au lithium sur
la calcification du corail tropical Stylophora pistillata. Les résultats
de ces expériences ont été utilisés pour modéliser les effets combinés des
trois facteurs de stress et développer un plan expérimental pour tester ce
modèle. Une fois ces tests terminés, le groupe prévoit de collaborer sur une
publication scientifique commune pour rapporter les résultats, contribuant
ainsi au corpus croissant de recherches sur les impacts des multiples facteurs
de stress océaniques dans une variété d'environnements marins.
Collaboration internationale : Un effort à l'échelle mondiale
Les participants à l'école d'hiver ont également visité le laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer, où ils ont effectué des exercices pratiques sur la mesure et la manipulation du pH et de l'alcalinité totale. Ils ont également appris à calculer les paramètres de la chimie des carbonates à l'aide du logiciel Seacarb.
« Entrer dans le domaine complexe des facteurs de stress multiples peut être intimidant », a déclaré Sam Dupont, maître de conférences à l'université de Göteborg et consultant auprès du Centre international de coordination sur l'acidification des océans de l'AIEA (Ocean Acidification International Coordination Centre - OA-ICC). « Ce cours est conçu pour fournir à chaque participant les outils et une stratégie pour effectuer des recherches sur les facteurs de stress multiples en fonction de leurs besoins et de leurs possibilités.
À la fin du cours, les participants ont conçu des expériences sur les facteurs multiples adaptées au contexte local et aux défis de leurs pays respectifs. Pour Maria del Mar Eivers, une participante argentine, l'école d'hiver a été une excellente occasion d'améliorer sa compréhension des complexités de la recherche sur les facteurs de stress multiples. « J'ai apprécié la possibilité d'interagir avec des professionnels ayant une grande expérience dans ce domaine, de découvrir des techniques de pointe et de créer des liens durables avec des collègues du monde entier », a-t-elle déclaré.
Afin d'améliorer les capacités de recherche des participants, le cours a présenté des ressources et des outils avancés développés par des groupes de travail internationaux, notamment le simulateur MEDDLE pour les expériences virtuelles sur les facteurs de stress multiples, qui a été créé dans le cadre du groupe de travail sur les systèmes biologiques océaniques changeants du Comité scientifique pour la recherche océanique.
Perspectives d'avenir : Construire un réseau pour protéger les écosystèmes marins et leur biodiversité
L'édition 2024 de l'École d'hiver était la deuxième d'une série annuelle qui se tiendra chaque année en novembre à Monaco, dans le cadre d'un accord pratique récemment signé entre le Centre international de coordination sur l'acidification des océans de l'AIEA (OA-ICC) et la Fondation Prince Albert II de Monaco.
Des opportunités telles que l'école d'hiver sont essentielles pour fournir aux jeunes scientifiques les outils et les connaissances dont ils ont besoin pour relever les défis relatifs à la santé durable de l'océan. En plus de favoriser les compétences individuelles en matière de recherche, le programme encourage le développement d'un réseau international de scientifiques qui peuvent collaborer et partager leur expertise, amplifiant ainsi la réponse mondiale aux défis de la santé de l'océan. De retour chez eux, les participants seront bien placés pour évaluer l'impact des facteurs les plus pressants le long de leurs côtes sur les organismes clés, y compris les espèces de fruits de mer économiquement importantes, et pour collaborer avec leurs nouveaux réseaux afin de résoudre ces problèmes.
L'école d'hiver est organisée conjointement par l'IAEA OA-ICC et la Fondation Prince Albert II de Monaco dans le cadre de l'initiative Ocean Acidification and Other Ocean Changes - Impacts and Solutions (OACIS), en partenariat avec le Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer.