Premier lâcher de deux gypaètes en Corse
Monaco
Muntagnolu et Cimatella sont les deux premiers gypaètes relâchés en Corse, dans les montagnes de la vallée du Niolu sur le versant sud du Mont Cinto.
Cette opération de renforcement de la population d'altore* corse était coordonnée par le Parc Naturel Régional de Corse (PNRC) et la Vulture Conservation Foundation (VCF) et bénéficie du soutien financier de la Fondation Prince Albert II de Monaco, de la collectivité territoriale de Corse, du Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la mer, et de la fondation du zoo de Barcelone.
Ce lâcher s’est fait en présence de Jacques Costa, Président du PNRC ; de Jean Félix Acquaviva, maire de Lozzi et représentant du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Corse ; de Antoine Orsini, Président du Conseil Scientifique du Parc et de Philippe Mondielli, Directeur scientifique de la Fondation Prince Albert II de Monaco.
Cette opération de renforcement avait été jugée comme prioritaire par l’ensemble des scientifiques et des responsables des parcs européens concernés par ce programme de réintroduction qui a débuté en 1986 en Autriche.
Un plan d’action a donc été élaboré pour sauver la population autochtone corse qui est extrêmement menacée. Il ne reste plus que 4 couples dans l’ile, alors qu’en 2009 on en dénombrait encore une dizaine. De plus le taux de reproduction de cette population est anormalement bas avec seulement 10 poussins qui sont nés lors de la dernière décennie.
La population corse souffre d’une baisse de la diversité génétique due à une chute de l’effectif et à son isolement. Cette situation est aggravée par le manque de nourriture qui est la conséquence de l’abandon des pâturages dans les montagnes corses et d’une population de mouflons qui croit lentement. Depuis 30 ans le PNRC avec l’aide récemment du VCF alimente des placettes de nourrissage pour remédier à ce problème.
Les deux oiseaux relâchés (un mâle et une femelle) ont effectué un long voyage par route et par ferry pour atteindre leur nouveau territoire insulaire et plus précisément la vallée du Niolu.
Ils ont été baptisés par des élèves de l’école de Calacuccia qui étaient présents pour assister à ce lâcher.
- Muntagnolu qui signifie montagnard en Corse,
- Cimatella pour le nom d’une cime qui se trouve non loin du site de réintroduction.
La femelle provient d’un centre d’élevage à Guadalentín (Andalousie) et le mâle d’un centre d’élevage de Haringsee (en Autriche près de Vienne).
Rappelons qu’au mois de février un œuf a été prélevé dans le nid d’un couple de gypaètes de la vallée d’Asco qui ne s’était pas reproduit avec succès depuis plus de 10 ans. Le poussin gypaète barbu corse avait éclos le 18 mars et après plusieurs jours de couveuse dans un établissement spécialisé en Corse, avait enduré lui aussi un voyage éprouvant afin d’être adopté en Espagne, par un couple d’adultes reproducteurs de ce même centre andalou de Guadalentin. Ce poussin a été inclus dans le réseau de reproduction en captivité du gypaète barbu afin de créer une réserve génétique corse et assurer la conservation de cette espèce.
Sans savoir si c’est une reconnaissance de la nature pour tous ces efforts déployés par les hommes pour sauver cette espèce mais le couple installé en tinée dans le parc national du Mercantour, vient de mettre au monde un deuxième poussin (non encore baptisé). Rappelons que ces deux jeunes gypaètes sont les descendants de Rocca lâché en 2007 à Vignols (Parc national du Mercantour) et de Girasole lâchée en 2008 à Entracque (Parco Naturale alpi Marritime) avec le soutien de la Fondation Prince Albert II de Monaco.
Ces deux événements, l’un naturel et l’autre artificiel, devraient permettre à terme de créer un « pont » facilitant la rencontre d’individus sauvages et réintroduits. Ce lien favoriserait d’une part le renforcement de la population corse et d’autre part un brassage génétique de la population alpine qui est issue à 40% de la même souche d’’oiseaux captifs.
*Altore est le nom du gypaète en langue corse.