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Retour sur le Symposium Scientifique "The Cold is Getting Hot: From Arctic to Antarctic"

Monaco

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Source : IISD 

 

"Les régions polaires nous offrent notre dernière chance pour un avenir durable ; si nous échouons là-bas, nous échouerons ailleurs."

Des citations similaires au cours du symposium scientifique : De l'Arctique à l'Antarctique dénotent l'importance du monde glacé pour le climat mondial et le développement socio-économique humain. Tous les habitants de la Terre dépendent directement ou indirectement de l'océan et de la cryosphère. Les changements environnementaux dans l'Arctique et l'Antarctique s'accélèrent, affectent les espèces et les écosystèmes locaux et ont un impact sur les systèmes climatiques et écologiques plus larges, bien au-delà des régions polaires.

 

Le symposium s'est articulé autour de quatre thèmes principaux :

  1. la compréhension des changements dans les pôles, y compris les changements dans la chimie des océans Arctique et Austral, ainsi que dans les régimes de glace, le permafrost, les glaciers et la biodiversité ;
  2. la contribution des changements polaires au climat mondial, mettant l'accent sur la façon dont les changements dans les pôles amplifient les changements climatiques mondiaux, notamment la fonte des glaces qui entraîne une élévation du niveau de la mer, et les liens entre les changements polaires et les événements météorologiques extrêmes sur la planète ;
  3. les effets des changements polaires sur les sociétés humaines et les économies mondiales, y compris l'évaluation et l'atténuation des risques pour les communautés dépendantes ; et
  4. les réponses de gestion face aux incertitudes.

 

 

TEMPS FORTS : JOUR 1

 

La première journée du symposium scientifique : De l'Arctique à l'Antarctique avait un ordre du jour chargé. Les participants ont véhiculé le message principal selon lequel il est urgent d'agir dans les régions polaires si l'humanité veut éviter le point de non-retour et les dommages irréversibles à l'équilibre planétaire. Placé sous le thème "Le froid devient chaud" (The Cold is Getting Hot), le symposium a débuté par une expérience sonore d'effets perturbants de l'effondrement des glaciers et de la rupture des icebergs au pôle Sud, réalisée par le cinéaste Luc Jacquet.

 

Les temps forts de la première journée ont été les suivants :

  • keynote de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, qui a souligné l'importance de l'expertise et des données scientifiques pour relever les défis dans les régions polaires, en vue d'un avenir durable, et a mis en garde contre "les intérêts égoïstes et les calculs économiques à courte vision" ;
  • les remarques principales d'Antje Boetius, directrice de l'Institut Alfred Wegener, et de Jane Francis, directrice du British Antarctic Survey, qui, en se concentrant respectivement sur l'Arctique et l'Antarctique, ont fourni des messages clés communs sur l'importance des régions polaires ;
  • la signature officielle de la convention-cadre de partenariat de l'Initiative Polaire par les partenaires de recherche ; et
  • deux tables rondes approfondies, axées sur la modification sans précédent des caractéristiques géophysiques et biologiques des régions polaires, et sur la contribution de ces changements au climat mondial.

Les keynotes comprenaient les messages relatifs à :

  • la nécessité d'une collaboration internationale renforcée, notamment par des missions scientifiques dans les régions polaires, afin de fournir les données scientifiques nécessaires aux décisions politiques et au suivi des transformations ;
  • le rôle clé des zones polaires/marines protégées dans la réduction des pressions exercées sur la vie polaire par l'exploitation économique, la pollution, le bruit et d'autres facteurs de perturbation ;
  • la nécessité d'une collaboration accrue dans le cadre du lien entre la science, l'industrie et la société, y compris les contributions des peuples autochtones ; et
  • le fait que les changements polaires ont un impact mondial, accompagné de la réalité que les régions polaires font partie de l'histoire et de la culture humaines, renfermant de nombreux secrets encore à découvrir.

La session de haut niveau comprenait également des discours d'ouverture des représentants des partenaires organisateurs : Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique, Fondation Prince Albert Ier de Monaco ; Olivier Wenden, administrateur délégué et vice-président de la Fondation Prince Albert II de Monaco ; Larry Hinzman, président du Comité international des sciences arctiques (IASC) ; et Jefferson Cardia Simões, vice-président du Comité scientifique pour les recherches antarctiques (SCAR). Ils ont souligné, entre autres, l'importance de la collaboration interinstitutionnelle et interdisciplinaire pour relever de toute urgence les défis dans les régions polaires ; la nécessité de sensibiliser davantage le public, de renforcer la voix de la science et de communiquer de manière appropriée les faits scientifiques ; et que "les régions polaires sont notre dernière chance pour un avenir durable ; si nous échouons là-bas, nous échouerons ailleurs".

 

La séance inaugurale s'est conclue par une visite privée de l'exposition " Polar Planet " de Filip Kulisev, aux grilles des Jardins St Martin. S.A.S. le Prince Albert II de Monaco a pu découvrir les 40 images exposées mettant en valeur la beauté de certains des sites les plus spectaculaires de l'Arctique et de l'Antarctique.

 

La première session d'experts sous le thème "Comprendre les changements polaires" s'est concentrée sur les changements rapides dans les régions arctiques et antarctiques. Les intervenants ont discuté des changements dans : La chimie, la température et la pompe à carbone des océans Arctique et Austral ; les régimes de glace, le pergélisol et les glaciers ; les espèces terrestres et océaniques, les réseaux alimentaires et les écosystèmes des régions polaires ainsi que les impacts sociaux qui en découlent.

 

La deuxième session a analysé la façon dont les changements dans les régions polaires amplifient les changements climatiques mondiaux. Les panélistes se sont penchés sur la manière dont l'augmentation de la fonte des glaces polaires entraîne une élévation du niveau de la mer dans le monde entier. Ils ont également abordé la question de la modification de la circulation océanique de la température, du carbone et des nutriments, en raison de l'interconnexion des océans Arctique et Austral avec d'autres bassins océaniques. Les deux panels comprenaient une section où les scientifiques en début de carrière ont partagé leurs expériences et se sont engagés dans un dialogue interactif avec les panélistes.

 

La journée s'est terminée par les remarques d'Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur pour les pôles et les questions maritimes, qui, soulignant l'environnement politique turbulent actuel, a insisté sur la nécessité d'engagements internationaux et d'une coopération mondiale pour relever les défis polaires.

 

Les participants au symposium ont également eu l'occasion de : discuter, par vidéo en direct, avec la goélette scientifique de la Fondation Tara Ocean sur le chemin du retour d'une expédition en Antarctique ; regarder un court métrage sur Venturi Antarctica, le premier véhicule électrique d'exploration polaire ; et regarder un autre court métrage sur le formidable écosystème vivant des grands fonds en Antarctique, par OceanX et BBC Earth. Une réception en soirée a offert aux participants d'autres occasions d'échanger des idées et de créer des réseaux.

 

TEMPS FORTS : JOUR 2

Le symposium scientifique a conclu ses deux jours de discussions par un sentiment d'urgence face aux menaces qui pèsent sur les régions polaires et par un sentiment d'optimisme quant à la faisabilité de la transformation nécessaire, bien que difficile. Les participants ont mis en évidence le rôle central que jouent les données et les connaissances scientifiques fiables pour une prise de décision éclairée ; ils ont souligné la nécessité de communiquer de manière appropriée les messages scientifiques aux décideurs et au grand public et ont insisté sur le fait que la poursuite du statu quo transférera un fardeau environnemental insupportable aux générations futures.

 

Le matin, les participants ont assisté à deux tables rondes sur les thèmes suivants : les effets des changements polaires sur les sociétés et les économies humaines et les réponses de gestion face aux incertitudes.

 

Dans son discours d'ouverture sur les changements dans les sociétés et les économies humaines, Gim Huay Neo, directeur du Centre pour la nature et le climat du Forum économique mondial (WEF), a souligné que

"en réunissant les deux pôles, c'est le monde entier qui se rassemble".

Elle a insisté sur la nécessité de penser comme une entité interconnectée, notamment avec le travail des scientifiques polaires et les voix des communautés. Elle a mis l'accent sur le travail du WEF, en particulier sur la sensibilisation à l'interdépendance des problèmes, la mise à disposition d'espaces sûrs, neutres et fiables pour la co-création de solutions et la traduction des idées en ambitions et en actions concrètes.

Les panélistes ont abordé les sujets suivants : la diversification des intérêts dans les régions polaires au cours des 20 dernières années, qui rend l'environnement polaire beaucoup plus complexe ; les solutions d'adaptation offertes par les connaissances autochtones et les moyens de garantir la résilience et la flexibilité ; les tensions entre le besoin urgent de transition énergétique et les impacts négatifs potentiels sur les communautés locales ; la répartition des risques et des avantages potentiels ; et les activités liées au tourisme en Antarctique.

 

Ouvrant la voie à la discussion sur les réponses de gestion face à l'incertitude, Jane Francis, directrice du British Antarctic Survey, a donné un aperçu de la gouvernance polaire, en abordant : le Conseil de l'Arctique, notamment le moratoire international sur la pêche en haute mer dans l'océan Arctique central pendant au moins 16 ans pour permettre la recherche scientifique ; et le système du traité sur l'Antarctique, notamment la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR). Francis a également appelé à des données scientifiques solides et robustes sur les impacts du tourisme sur l'environnement, a mis en avant la Fondation Ice Memory et a évoqué la découverte d'espèces vivant sous les plateaux de glace de l'Antarctique, démontrant le peu de connaissances que nous avons de ces écosystèmes.

Les panélistes ont échangé leurs points de vue sur : les options de gestion pour la région arctique et le cadre de gouvernance océanique ; le travail de la CCAMLR pour gérer les pêcheries de manière durable selon une approche écosystémique et les efforts pour protéger les zones marines exposées suite au retrait ou à l'effondrement des calottes glaciaires ; la sauvegarde et la gestion des carottes de glace de certains glaciers, qui fournissent des informations clés pour les avancées scientifiques ; les défis de la conservation dans l'Arctique ; et les données satellitaires qui fournissent des informations précieuses sur les régions polaires.

 

Dans l'après-midi, Frederik Paulsen, président et directeur général de Ferring Pharmaceuticals, a partagé des idées et des histoires tirées de ses initiatives environnementales à succès et de ses voyages. Il a souligné l'importance d'un cadre réglementaire approprié. Il a également souligné la nécessité de fournir les ressources nécessaires aux projets environnementaux, en notant une volonté croissante des particuliers, des fondations et des entreprises de s'impliquer.

 

Les modérateurs des quatre tables rondes ont résumé les messages à retenir, soulignant l'urgence de faire face aux changements polaires et de s'orienter vers un avenir durable.

 

Remarques de clôture : Les représentants des organisateurs ont formulé des remarques finales.

Jefferson Cardia Simões, SCAR, a fait remarquer que "nous devons plus que jamais écouter les sciences sociales et humaines", trouver le bon éventail de questions et d'objectifs, et développer un cadre de communication solide.

Robert Calcagno, Institut océanographique, Fondation Prince Albert Ier de Monaco, a réfléchi à l'évolution de l'initiative polaire, en se concentrant sur les prochaines étapes.

Larry Hinzman, IASC, a souligné le succès du symposium, notant que "nous sommes au bon endroit et entourés des bonnes personnes pour aller de l'avant."

Olivier Wenden, de la Fondation Prince Albert II de Monaco, a clôturé le symposium en remerciant tous les participants pour leur engagement et en soulignant les plans visant à encourager davantage la coopération multidisciplinaire.