Réintroduction du gypaète barbu : réunion annuelle des partenaires du projet
Monaco
Après un retour éblouissant du gypaète barbu dans nos montagnes, une réunion annuelle des partenaires du projet s’est tenue à Barcelonnette le 8 et 9 novembre 2014, avec le soutien de la Fondation Prince Albert II, pour planifier les actions des années à venir.
Le week-end du 8 et 9 novembre, environ 80 ornithologues, planificateurs de la conservation, membres du personnel d’aires protégées, experts de zoo et représentants d’ONG se sont réunis à Barcelonnette (dans le parc national du Mercantour), afin d’aborder les derniers événements concernant le projet de réintroduction du gypaète barbu dans les Alpes, et de préparer les étapes suivantes.
Les gypaètes barbus ont été exterminés des Alpes il y a 100 ans, le dernier spécimen ayant été abattu en 1913 dans les Alpes italiennes, non loin du Mercantour. Un projet de réintroduction de l’espèce en milieu montagneux a été monté à la fin des années 70 ; de jeunes oiseaux en captivité ont ainsi été relâchés en 1986. C’est en 1997 que l’espèce s’est reproduite dans la nature pour la première fois ; à ce jour, 203 spécimens ont été relâchés dans les Alpes (dont 4 en 2014). L’espèce a retrouvé sa place dans ces montagnes : la population de gypaètes barbus a d’ailleurs crû de façon exponentielle, à tel point que la dernière saison a établi un nouveau record. Neuf couples nichent aujourd’hui en France, dix en Suisse, neuf en Italie et trois en Autriche.
La réunion rassemblait des experts et des membres du personnel de conservation d’aires protégées, d’ONG, de ministères, de zoos, de centres d’élevage en captivité et d’universités en provenance de pays alpins (France, Italie, Suisse et Autriche), mais aussi du Portugal, d’Espagne, de République Tchèque, d’Allemagne, de Macédoine et d’Arménie. Ces experts se sont penchés sur les derniers résultats et ont planifié la saison à venir. Le projet entre désormais dans sa phase finale : des spécimens vont encore être relâchés pendant quelques années, principalement pour accroître la diversité génétique de la population (qui reste faible, étant donné que les oiseaux relâchés étaient auparavant en captivité) et pour s’assurer que des liens sont tissés avec la population des Pyrénées.
Il est prévu que d’autres oiseaux soient relâchés l’an prochain dans le parc d’Alpi Marittime (avec le soutien de la Fondation Prince Albert II de Monaco), ainsi que dans les Alpes suisses. Par ailleurs, des oiseaux seront relâchés dans le cadre de deux autres projets de réintroduction en cours, à savoir dans le Massif central (Grands Causses et Cévennes, afin justement de créer un couloir vers les Pyrénées) et en Andalousie. Les experts se sont en outre intéressés aux résultats de la captivité. Il y a ainsi 37 couples en captivité à ce jour (sur un total de 153 oiseaux captifs) dans tout le réseau, qui comprend des centres d’élevage en captivité spécialisés (gérés par la VCF, la Junta de Andalucía, ASTERS et Goldau) et 35 zoos.
La réunion a également été l’occasion d’aborder des enjeux de conservation urgents concernant l’espèce en Corse (où seuls subsistent cinq couples), au Maroc, en Crète et dans le Caucase. Un plan a de plus été mis au point pour que l’espèce retrouve son aire de reproduction originelle en Europe.
Philippe Mondielli, le Directeur scientifique de la Fondation, a participé à cette réunion et présenté « Bearded vultures in the Alps, the view from a funder » (Les gypaètes barbus dans les Alpes, le point de vue d’un donateur). La réunion a été organisée par les parcs nationaux du Mercantour et d’Alpi Marittime, avec le soutien financier de la Fondation Prince Albert II de Monaco.