Atténuer la pollution agricole de l’eau douce et lutter contre le changement climatique en rétablissant la santé des sols

D’un point de vue socio-économique, le plus grand défi scientifique à l’échelle mondiale est de fournir suffisamment d’eau douce propre aux humains et à la faune tout en étant capable de nourrir une population d’environ 8 milliards qui augmente à un rythme de 80 millions de personnes par an.

Des sols sains et une eau douce propre sont essentiels à une agriculture productive durable. Les activités agricoles conventionnelles (labour, usage d’engrais synthétiques et application massive de pesticides) ont contribué à appauvrir les sols, à réduire l’infiltration et le stockage des eaux de pluie, à augmenter le ruissellement et la fuite des sédiments, nutriments, pesticides et autres polluants des champs cultivés, dégradant ainsi considérablement les systèmes aquifères souterrains et de surface et relâchant dans l’atmosphère des quantités massives de dioxyde de carbone du sol. Lors d’une étude récente menée aux Etats-Unis, 46 % des ruisseaux et rivières étudiés ont été évalués en mauvais état. Il a été recensé que près de 70 % de la faune vivant habituellement dans ces cours d’eau avait disparue.

Par conséquent, le développement de pratiques agricoles restaurant la santé des sols et limitant le ruissellement est essentiel à une meilleure qualité de l’eau et une plus importante séquestration du carbone dans le sol.

Ce projet évalue les conséquences sur la qualité de l’eau et la santé du sol de nouvelles approches agricoles comme le semis direct sans labour, les cultures de couverture en continu et l’élimination des engrais synthétiques et des pesticides (plus particulièrement des néonicotinoïdes).

La culture sans labour est une technique culturale simplifiée utilisée en agriculture ou en sylviculture, basée sur l’introduction directe de la graine dans le sol, sans passer par le travail du sol entre les rangs semés ou en profondeur dans le cas de l’agriculture, ni par la mise en culture en pépinière dans le cas de la sylviculture. La technique de couverture est une culture temporaire de plantes à croissance rapide destinées à protéger les parcelles entre deux cultures de vente. Ces couverts sont d’ailleurs obligatoires dans certaines régions ou zones à cause des risques de pollution des eaux par les nitrates.

Par un suivi rigoureux de l’hydrologie, de la qualité de l’eau et de l’état du sol dans trois champs de traitement et trois autres de contrôle, le projet documente l’amplitude et l’évolution de : (1) la séquestration du carbone dans le sol ; (2) l’amélioration de la biodiversité du sol ; (3) l’amélioration des caractéristiques du sol (densité de masse, taux d’infiltration et stockage de l’eau) permettant une meilleure infiltration et un meilleur stockage des eaux de pluie tout en réduisant le ruissellement et les besoins d’irrigation ; (4) la réduction des apports de sédiments, nutriments et pesticides aux systèmes d’eau douce ; et (5) l’amélioration des récoltes.